Interview et Réponse à Inès Léraud

 

ISTES

Réponse à la controverse sur les algues en bretagne et à la BD d’Inès Léraud

Pourquoi t’es-tu intéressé à la question des marées vertes ?

En préambule il convient de souligner que le terme « marée verte » a été créé de toute pièce par analogie avec les marées noires. Ces dernières sont dues évidemment aux activités humaines et à leurs défaillances. Par extension le terme de « marée verte » a été adopté pour chercher à pointer du doigt le rôle supposé de l’homme et de ses activités agricoles. Nous préférons plutôt parler de proliférations algales.

Travaillant sur les sujets d’environnement, et en particulier sur l’acquisition de la composition chimique des eaux, en fonction des actions dans les bassins versants, nous avons été maintes fois interpelés sur ce sujet qui défrayait régulièrement la chronique…Et ce d’autant plus que le siège de notre société de recherche et d’études se situait en Bretagne.

Il nous fallait donc « boucler la boucle » et étudier ce phénomène. Nous avons mené dans un premier temps une recherche à partir des publications scientifiques disponibles. Rapidement, nous avons constaté de nombreuses affirmations sur le rôle de l’azote provenant des rivières (dit azote « terrigène »), qui semblaient surprenantes et non étayées. Nous y relevons en particulier des affirmations contraires à nos connaissance sur le cycle de l’azote et à sa circulation dans les bassins versants. Les publications portaient souvent sur la modélisation du phénomène de prolifération algale, mais fort peu sur la biologie de la laitue de mer, le mode d’assimilation des nutriments par l’algue, le lien entre la composition de l’eau et celle des ulves, le devenir des masses de nutriments dans le flot océanique, les modalités des échouages…

Une modélisation qui cherche à prédire le fonctionnement du vivant est particulièrement délicate à établir sur un phénomène biologique complexe comme la prolifération algale. Cela rejoint les propos du Pr Didier Raoult sur l’impossibilité de modéliser le vivant, une épidémie, voire une pandémie. De plus, une modélisation ne démontre jamais rien ; les simulations obtenues ne sont que les conséquences des hypothèses retenues pour bâtir le modèle. Les hypothèses doivent être vérifiées et le modèle correctement validé, tâche qui est dans le cas présent très incomplètement effectuée.

 

N’y a-t-il aucun lien entre les nitrates et la prolifération des ulves ?

Aucune preuve du rôle des nitrates agricoles dans le phénomène de prolifération algale côtière, n’a jamais pu être mise en évidence :

  • l’Ifremer a établi des cartes montrant les sites où la prolifération d’algues était importante et les masses d’azote nitrique déversées chaque année par les différents cours d’eau (cf. publication JY Piriou 1990): une profonde discordance a été ainsi mise en évidence : au débouché en mer des rivières apportant le plus d’azote comme la Vilaine, aucune manifestation particulière de prolifération algale n’a été observée ;
  • les rares baies bretonnes propices au phénomène, reçoivent des quantités d’azote infimes, proches du bruit de fond « naturel ». Les activités agricoles sont de faible intensité dans les bassins versants correspondants, ou celles-ci ont connu une régression ces dernières années.
  • toutes les mers du monde ont reçu de tous temps des quantités d’azote, sans que cela provoque le moindre désordre écologique. En outre dans les nombreux secteurs côtiers, où une agriculture soutenue a été mise en place, aucune perturbation de l’écologie algale n’est observée.
  • Ensuite les experts de l’Ifremer ( Menesguen, Piriou et Merceron) ont postulé : « les flux de nitrate terrigènes du mois de juin uniquement déterminent la biomasse là où les échouages ont lieu ». Mais cette hypothèse a été invalidée au terme de 3 années de suivis effectués par l’Ifremer lui-même et financés par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Tableau 1 Tonnages d’azote terrigène au mois de juin et masses d’ulves observées (d’après Merceron IFREMER 1998, et 1999)

Tableau 2 tonnages d’azote nitrique au printemps et prolifération d’ulves en baie de Douarnenez (d’après Merceron et al. 1999 Ifremer)

Il est clair au vu des résultats mesurés par l’Ifremer lui-même, que la biomasse d’ulves n’est pas influencée par le flux de nitrate terrigène apporté au mois de juin. :

  • pour des apports de N-NO3 supérieurs de 40 % la biomasse produite baisse de 11 % (total sites bretons du tableau 1),
  • pour des apports de nitrates faibles en 1997 (1.74 t de NO3/j), la biomasse est supérieure à celle  de 1995, avec des apports de nitrate élevés (11,32 t de NO3/j, soit 6,5 fois plus de nitrate apportés…
  • La biomasse la plus importante (14 000 t) est observée pour un apport modéré de nitrate (3.88 t de NO3/j)
  • les écarts d’ulves produites par t de nitrate rejetées par jour varient de 149 t à 3600 t par jour, démontrant qu’il n’y a aucune proportionnalité entre ces deux types de données
  • de plus, de tels résultats démontrent que, même si on était capable de réduire considérablement les apports d’azote terrigène au printemps, cela ne provoquerait pas de  réductions conséquentes des ulves…

Le lien entre l’azote et les ulves est répété par de nombreux intervenants : chercheurs (Ifremer, INRA, CEVA, expertises collectives…), administrations, politiciens et surtout des associations écologistes. Cette répétition, crée et entretient des « pseudo-certitudes » dans l’opinion publique. L’enseignement, de la maternelle à l’enseignement supérieur, entretient cette croyance depuis les années 1990. Les marées vertes constitueraient l’illustration de « l’horreur écologique » consécutive au développement des activités agricoles dans les années 1970, et aux agressions que celles-ci feraient subir à l’environnement.  Nous assistons de la même manière à des affirmations sans fondement sur l’irruption du virus de la Covid 19, dont l’origine serait à rechercher dans la déforestation ou l’agriculture et l’élevage intensifs.

Les activités agricoles sont ainsi rendues responsables de ces désordres écologiques. C’est devenu une « évidence » pour une grand majorité de l’opinion et assez paradoxalement un paradigme pour la plupart des scientifiques.


Quels sont les autres facteurs qui expliqueraient alors cette prolifération d’ulves ?

Le rôle du phosphore, dont l’origine est majoritairement issue des effluents domestiques et des lessives, rejetés dans le milieu aquatique, a été considérablement sous-évalué, pour privilégier uniquement celui de l’azote et en particulier des nitrates. Longtemps le traitement du phosphore a été jugé sans intérêt pour les stations d’épuration des villes côtières, et les recommandations des experts de l’Ifremer incitaient à ne pas traiter le phosphore.

D’autres facteurs seraient également à prendre en compte, selon-nous : dans une chaîne alimentaire, quand une espèce prédomine, cela devrait favoriser ses prédateurs qui contribuent alors à compenser l’activité de l’espèce qui prolifère.

Dans un écosystème, lorsqu’on constate une prolifération d’une espèce, ceci profite à ses consommateurs qui tirent parti de cette ressource. Ici peu de travaux ont porté sur ce sujet. Joël Kopp a fait des observations, des expérimentations et a montré que ce sont les bigorneaux qui sont les principaux consommateurs d’ulves dans la chaine alimentaire. Or les bigorneaux sont aujourd’hui beaucoup moins abondants qu’autrefois (sous l’effet de surpêche et/ou des marées noires… ?). Les travaux de Joël Kopp n’ont pas été repris ensuite, et ne sont qu’exceptionnellement cités par ses successeurs.

A mentionner également que ces algues sont comestibles pour l’homme et l’animal. Leur récupération et leur traitement pour les valoriser sont possibles et les ulves constituent une ressource alimentaire appréciable.


Quelles sont les recommandations pour résorber ces algues vertes ?

Fondamentalement toutes les recommandations officielles pour régler cette question des proliférations algales en milieu marin côtier s’appuient sur l’idée de limiter de façon drastique les apports de nitrates par toutes les rivières. L’idée qui sous-tend ces préconisations consiste à créer un manque d’azote dans l’eau de mer, au point que les algues ne trouveraient plus assez de nutriments pour se développer. Cet objectif est irréaliste et probablement dangereux : les origines des apports d’azote au milieu marin sont diverses et ne concernent pas uniquement les apports des rivières ; l’azote peut provenir de multiples origines (milieu marin, atmosphère…).

Créer une insuffisance d’azote dans le milieu marin en ne supprimant que les entrées par les rivières est en réalité impossible ; de plus l’impact écologique de cette carence provoquée en azote serait considérable et n’a pas fait l’objet de la moindre évaluation.


Quelles sont selon toi les recherches à mener sur ce sujet des proliférations d’ulves ?

Force est de constater que la biologie de l’ulve n’a pas fait l’objet d’études approfondies. Le mode d’utilisation des nutriments contenus dans l’eau par les ulves reste incertain. Le devenir des biomasses d’ulves dans les masses d’eau marines est également mal connu.


Que penser de la BD de la journaliste Inès Léraud :  « Algues vertes, l’Histoire interdite », juin 2019 ?

Bien que la fréquence et les biomasses d’algues échouées soient en forte régression ces dernières années, la journaliste Inès Léraud s’est emparée de ce sujet en 2016 et les années suivantes et a produit des reportages diffusés sur France Inter, France Culture : « les pieds sur terre »...  Elle a publié une BD en juin 2019 : Algues vertes, l’Histoire interdite.

Sa thèse peut se résumer de la façon suivante : les proliférations d’algues vertes en milieu marin côtier sont la conséquence directe des activités agricoles bretonnes. L’histoire serait impossible en raison des actions d’un puissant lobby agricole et industriel, baptisé l’agrobusiness…

Elle dit avoir mené une enquête pendant 3 ans ; il faut constater qu’elle a pu mener librement cette « enquête » sans avoir été gênée dans ses rendez-vous, rencontres, visites diverses etc. L’enquête et l’histoire qu’elle raconte n’ont nullement été « interdites ».

Son livre, repris d’une BD précédente est uniquement à charge. Tout est bon pour accréditer sa thèse d’un complot orchestré contre la vérité... Comme c’est de plus en plus fréquent dans les reportages journalistiques, Inès Léraud accumule tous les arguments qui confortent sa thèse et tourne en dérision, déforme ou omet tout ce qui la contredit.

Son ouvrage ne revient nullement sur le fond du désaccord et en particulier sur le fait de l’indépendance avérée entre les flux de nitrates déversés par les cours d’eau et la prolifération algale. Dès lors tout bavardage à partir de ce que « penserait l’opinion » n’est plus de mise, quand des publications scientifiques infirment ces croyances. Il s’agit d’un texte s’apparentant aux travaux de sociologues, qui enchaînent les hypothèses sans jamais chercher à les vérifier.

Les activités agricoles qualifiées d’«intensives » sont parées de tous les maux. La prise en compte de l’intérêt des agriculteurs ne semble pas effleurer l’auteur. Imaginer un monde sans activités agricoles ne l’effraie pas non plus. Notons au passage que les agriculteurs n’ont pas d’accès facilité aux médias comme Mme Inès Léraud ; le débat est donc fortement déséquilibré ; à vrai dire, il n’y a aucun débat sérieux ; la répétition des accusations tenant lieu de vérification...

L’affirmation centrale que les marées vertes seraient dues aux nitrates d’origine agricole entrainés dans les eaux des rivières débouchant sur les baies, est purement gratuite et nullement étayée.

Bien que la corrélation nitrates terrigènes et prolifération d’ulves n’a jamais pu être mise en évidence, répéter que les apports de nitrate par les rivières constituent l’origine du phénomène, aboutit à ce que cela devienne une évidence, pour tous ceux qui n’ont pas l’occasion de se documenter sur ce sujet. Plutôt que de se faire sa propre opinion, une grande partie du public a tendance à considérer que si tant d’intervenants le répètent, c’est que cela a dû être démontré…  Le travers actuel de dénigrer tout ce qui pourrait ressembler à la « théorie du complot » conforte vers la théorie dominante : comment croire que tant d’intervenants se tromperaient, voire se ligueraient pour accréditer une thèse erronée ? Notons en outre que tout déviant de la thèse officielle prend des risques pour son confort intellectuel, sa carrière…  La terreur intellectuelle est de mise.

L’existence d’un lobby des « gros bonnets de l’agro-industrie » cherchant à occulter les vraies causes est affirmée, sans aucune justification. Est-ce que le syndicalisme agricole est un lobby ? Tous ceux qui contredisent sa thèse seraient des « scientifiques à la déontologie suspecte, des politiques craignant pour l’emploi et la réputation touristique ».


Mais n’as-tu pas des contacts avec l’agriculture et l’agro-alimentaire ?

Qui n’en a pas, ne serait qu’en allant faire ses courses ? Et cela sans crainte d’intoxication alimentaire…

Il est vrai que j’en côtoie assez régulièrement dans mon milieu professionnel, mais je n’ai jamais reçu la moindre demande de contester « la thèse officielle » sur l’origine et les modalités de traitement du phénomène. Ce sont nos lectures critiques qui nous amènent à développer notre argumentaire. Si plus d’interlocuteurs avaient lu les articles de l’Ifremer et ceux que nous avons publiés dans des revues à comité de lecture, le débat serait scientifique et ne s’aventurerait pas sur des suppositions gratuites et infondées sur des pressions exercées par les professionnels…

Notons en outre qu’aucune incrimination des activités agro-alimentaires n’avait jusqu’ici été évoquée. Il est d’ailleurs difficile d’étayer le moindre lien entre l’activité des industries agro-alimentaire et la prolifération des ulves ; Mme Léraud se contente de l’affirmer, ce qui pimente son récit pour le lecteur.

Il n’y a clairement ni manipulation, ni volonté orchestrée de désinformation de je ne sais quel lobby. Qui développe ici la fameuse thèse du « complot », sans apporter la moindre preuve de cette collusion supposée ?

Si nous nous exprimons, c’est suite aux lectures et à l’examen attentif des résultats disponibles, pour bien comprendre ces proliférations et contribuer à les résoudre. Nous utilisons pour cela la logique et l’esprit critique, mais aussi les connaissances en biologie et en écologie. Cela nous permet de constater que nombre d’interprétations répétées sont inexactes ; nous souhaitons partager largement ce constat. Qu’on nous dise pourquoi nos interprétations ne seraient pas valides. Or ce sujet n‘est jamais abordé : on nous oppose dans cette BD nos liens supposés avec des lobbies imaginés pour les besoins de « la cause », ou par ailleurs le fait que nous soyons de formation agronomique et non océanologique… Ma conception de l’agronomie est tout à fait convergente avec l’écologie : des cycles biogéochimiques équilibrés sont effectivement compatibles avec des pratiques agricoles soutenues.

Nous souhaitons qu’on revienne au fond : où sont les liens avérés entre les apports d’azote terrigène et le développement des proliférations algales ? Si comme nous le démontrons dans nos articles ce lien n’est pas établi, et ce à partir des publications de l’Ifremer, que nous citons et dont nous utilisons les résultats, il est complètement vain de poursuivre cette traque des nitrates dans les bassins versants ; des économies considérables seraient alors accessibles.

D’autres études proprement écologiques doivent être menées sur le développement du phénomène : quels liens entre composition des eaux et assimilation et prolifération des ulves, quelle disponibilité du P des sédiments marins, comment réduire son assimilation, comment rétablir une limitation par les « brouteurs naturels » de l’ulve (bigorneaux ou autres espèces)…


Que penses-tu du livre d’Inès Léraud ?

Son livre n’est ni drôle, ni consistant. L’auteur dispose visiblement de peu de compétence en ce qui concerne l’écologie des ulves et préfère se situer sur le terrain de la critique radicale et polémique des modes de production agricoles. Ce livre vous tombe littéralement des mains avec cette pratique des « arguments » controuvés.  La plupart des affirmations sont gratuites, inexactes et inopérantes. A chaque page, la réaction de tout lecteur disposant d’un minimum d’esprit critique est la suivante : « et alors ? »

L’accumulation d’informations, même si elles sont formulées avec des détails, ne justifie en rien la véracité ou la pertinence des « arguments » soutenant la thèse.  Les pseudo-arguments rapportés n’emportent nullement des conclusions étayées.

Inès Léraud se contente de « politiser le débat » en fonctionnant par insinuations et par allusions, comme la plupart des militants actuellement. Cela donne du sel à son récit, mais ne démontre rien. L’auteur ignore ce que c’est que de mener une vraie démonstration de ses hypothèses ; dans une enquête policière, lorsqu’une hypothèse ne cadre pas avec les faits, on « referme la porte » correspondante. Dans l’ouvrage, l’auteur se complait dans une hypothèse douteuse qu’elle pose en postulat et ne revient jamais dessus.


Quels articles avez-vous publié ?

Nous en avons publié deux dans une revue scientifique étrangère à comité de lecture, en 2005 et en 2012 (voir bibliographie).

De plus nous avons publié un ouvrage collectif en 2018, dans lequel un chapitre est consacré sur ce sujet : « Réponse à l’écologisme, Comment la connaissance permet de réfuter les peurs entretenues. » (Buson et al. 2018, l’Harmattan).


Quelles sont les principales objections que tu souhaites apporter sur ce livre ?

Ce livre prétend relater « une enquête » menée par Inès Léraud pendant trois années en Bretagne.

Je ne reprendrai pas l’intégralité des affirmations formulées dans cette BD qui multiplie les inexactitudes, juxtapositions inappropriées, interprétations hasardeuses… Comme je l‘explique aux jeunes ingénieurs que j‘encadre, il faut se garder de confondre juxtaposition ou concomitance avec lien de cause à effet.

Notons par ailleurs, que concernant le triste décès de Thierry Morfoisse, ce chauffeur routier ayant transporté des algues, quelques jours avant son malaise, la justice a définitivement écarté, à la suite d’investigations et d’expertises médicales, tout lien entre son décès et son activité de transport des algues vertes.

Je me contenterai maintenant de rectifier les scènes dans lesquelles je suis directement cité et mis en cause.

P 74 : Présentation de l’ISTES : « Ces discours ne sont pas étrangers à la naissance de l’ISTES crée par des industriels de l’agroalimentaire. »

Ceci est totalement faux : c’est uniquement à mon initiative que l’institut a été mis sur pied et non en lien avec les propos des syndicalistes agricoles rapportés dans les pages précédentes. Quelques industriels de l’agroalimentaire et quelques agriculteurs y ont adhéré pour y participer, s’informer mais aussi pour faire connaître les solutions qu’ils avaient mis en place pour traiter leurs effluents. Les agriculteurs et les industriels ne sont pas les seuls adhérents de l’association.

« L’ISTE fait appel à des scientifiques souvent issus du mouvement climatosceptique pour produire un discours visant à rétablir l’innocence des nitrates » : Ceci est faux ; aucun scientifique climatosceptique n’a été sollicité pour cela par l’ISTES. L’Institut n’est pas intervenu sur ce sujet du réchauffement climatique, même si de nombreux parallèles sont possibles : même abus de l’usage des modèles qui ne prédisent pas les évolutions constatées, même mélange de science et de militantisme politique, même culture de la catastrophe révélée, impossibilité du débat, pas d’accès aux médias et diabolisation des « résistants » aux paradigmes officiels...  D’ailleurs quelle importance cela aurait-il ? Les climato-sceptiques ou climato-réalistes n’ont-ils pas le droit de s’exprimer ?

L’ISTES ne cherche pas à « produire un discours visant à rétablir l’innocence des nitrates », mais à aborder tous les sujets, y compris celui des nitrates à la lumière des connaissances scientifiques actuelles. Il n’y a aucune intention préétablie, si ce n’est de contribuer aux débats utiles et à la recherche de la vérité. Constamment dans cet ouvrage l’auteur prête des intentions purement gratuites aux différents intervenants qu’elle met en scène.

En l’occurrence, l’ISTES ayant contribué à révéler les erreurs profondes au sujet des nitrates, il a été jugé indispensable de le faire savoir largement, de façon à rectifier les objectifs poursuivis. Se tromper d’objectif est en effet contre-productif et disperse en pure perte les moyens, forcément limités sur des actions inutiles, au final. Et je ne parle pas là des effets sur le moral des agriculteurs accusé à tort en permanence et qui doivent dépenser des sommes importantes pour « se mettre aux normes », ce qui ne présente ici aucun intérêt.

P 75 : les termes qui sont rapportés de mes interventions sont approximatifs et sélectionnés. L’enchainement du raisonnement n’est pas accessible et rend mes propos incohérents.

Lors des conférences que nous avons dispensées, je présentais systématiquement les cartes de l’IREMER prouvant l’indépendance entre les flux d’azote (nitrates) apportés par les rivières et les proliférations et les échouages d’ulves. Cette visualisation permet de démontrer l’invalidité de la thèse officielle, à laquelle l’auteur adhère de fait, sans revenir sur cette contradiction flagrante.

La phrase par exemple : « ce discours contradictoire a contribué à semer la confusion dans l’opinion publique et chez les agriculteurs », comme si telle était mon intention ! L’auteur ne semble pas être capable d’imaginer que je puisse avoir raison, et que ma seule motivation soit de rapporter les arguments qui reviennent sur la thèse officielle du lien entre l’agriculture, les nitrates et les « marées vertes », que mes interventions n’ont pour objectif que de progresser sur la compréhension du phénomène et permettre sa résorption au moins partielle. Dans cette histoire, il n’y a que des coups à prendre et aucun intérêt à espérer du point de vue commercial… Affirmer le contraire, fût-ce dans une BD, montre bien comment son auteur patauge dans les contresens.

Notons au passage que l’ISTES n’a nullement été consulté lors de la mise en place du plan algues vertes et que nous n’avons jamais été auditionnés par le comité scientifique de l’environnement en Bretagne (CSEB).

P 134 : « Vous pourrez postuler pour le prix Elise Lucet de la désinformation. Je vous souhaite une brillante carrière », avec mon nom et la référence à ma société. La tête rouge et colérique qui m’est attribuée est totalement imaginaire ; je m’efforce de rester calme en toute circonstances…

Or je ne suis jamais intervenu en tant que GES sur le sujet mais uniquement au titre de l’ISTES, association qui a été créée pour favoriser les échanges scientifiques sur les questions d’environnement.

Voilà ce que j’écrivais à ses éditeurs en 2018, suite à la publication d’une première bande dessinée consacrée à ce sujet et qui a servi de premier brouillon pour la BD sortie en 2019 : « Fondamentalement, cet article de votre revue n’est pas drôle. Ce qu’il insinue est grossièrement inexact. La ficelle du CQFD est inacceptable. Madame Léraud mériterait d’être nominée pour le « prix Elise Lucet » : agréger tout ce qui est favorable à sa thèse et écarter, voire ridiculiser tout ce qui la contredirait ! Je crains que tout lecteur sensé ne se désintéresse d’un tel reportage, uniquement à charge, et à terme de votre revue. » Il y avait de l’humour et du conditionnel dans ces remarques, mais cela a semble-t-il échappé à l’auteur du livre...


BIBLIOGRAPHIE

Buson C. (2005), « Retour “écologique » sur la question des nitrates », Recursos Rurais (2005) Vol1 nº1 : 39-49 IBADER : Instituto de Biodiversidade Agraria e Desenvolvemento Rural ISSN 1885-5547. Disponible sur http://www.ibader.org/archivos/docs/Recursos%20Rurais%2001-05.pdf

Buson C., Buson B., Mauger V., Agrelo Yañez M. Y. (2012) Développement et échouages d’Ulves en Bretagne : pour une souhaitable réorientation des recherches ; Development and strandings of Ulva in Brittany : a desirable redirection in research; Recursos Rurais nº 8 : 49-55. ISSN 1885-5547. http://www.usc.es/revistas/index.php/rr Revue Officielle de l’IBADER (Institut de Biodiversité Agricole et Développement Rural), USC (Université de Santiago de Compostela)

Buson C. (dir.), Apfelbaum M., Bardinet J.-P., Beslu P., Gérondeau C., Houdebine L.-M., Julien J.-L., L’hirondel J.-L., Monnier C., Prous J.-F., Veyres C., Voron H. (2018),  Réponse à l’écologisme. Comment la connaissance permet de réfuter les peurs entretenues. » Editions  l’Harmattan, préface de Claude Allègre, 325 p.

Piriou J.-Y. (1990). Marées vertes littorales et nitrates. International symposium Nitrate - Agriculture - Eau. René Calvet éditeur. INRA pages 113 à 120.

Merceron M. 1998, Inventaire des ulves en Bretagne Année 1997. Rapport de synthèse IFREMER.

Merceron M. 1999, Inventaire des ulves en Bretagne Année 1998. Rapport de synthèse IFREMER.

Merceron M., Coïc D, Talec P. 1999, Biomasses d’ulves et flux de nutriments en baie de Douarnenez. Actes du colloque Pollution diffuses : du bassin versant au littoral, Ploufragan 23-24 septembre 1999. IFREMER, CEVA

Piriou J.-Y., Menesguen A.et Salomon J.-C. 1991 - Les marées vertes à ulves : conditions nécessaires, évolution et comparaison de sites - ECSA 19 Symposium. éditeurs : Michael Elliot et Jean-Paul Ducrotoy. 6 pages.

Piriou J.-Y., Dion P., Le Bozec S. Août 1992 - Ulva biomass fluctuations in the bay of Saint-Brieuc, north Brittany, France - Communication présentée à l’International Seawed Symposium. 8 pages + figures.

Piriou J.-Y. (1991). Marées vertes sur le littoral breton et critères d’évaluation de zones sensibles à l’eutrophisation. Colloque Agronomie et Environnement en Grand Ouest.